Philippe Nieuwbourg se fend d'un petit
article sur l'amour ou le désamour des boites françaises par les américains. Il évoque Business Objects sur deux points : 1) le siègle social franco-américain, et 2) rebondit sur l'annonce faite par le CEO de Business Objects il y a deux jours de la création d'un nouveau centre de R et D en Inde.
D'abord sur le siège social. Vous pouvez très bien avoir un siège social en France et avoir un état d'esprit et un fonctionnement à l'américaine. C'est exactement le cas en l'occurence. Depuis un certain nombre d'années, Business Objects s'est américanisé, au point d'en arriver à des situations truculentes : des équipes entièrement françaises obligées de produire des documents en anglais, de lire et d'envoyer entre eux des emails en anglais, de participer à des réunions qui, s'il y a ne serait-ce qu'un seul présent qui n'est pas français devient automatiquement une réunion en anglais.
Ce qu'il reste de l'état d'esprit français aujourd'hui? Rien. Business Objects a su acheter puis capitaliser avec des ingénieurs français très compétents un produit (connu aujourd'hui sous le nom du FullClient) qui a eu le mérite d'arriver au bon moment sur un marché très demandeur. La boite a explosé. Elle a dû, pour des questions d'image, de business et de préparation à la bourse (pour suivre la frénésie des e-dotcom à partir du milieu des années 90) établir un second siège social, cette fois aux états-unis. Question de crédibilité.
Puis est venu le temps des acquisitions : SetAnalyzer, Olap@work, ..., Acta, Crystal Decisions, SRC, Immersion. Et de ce fait la dilution de la valeur du siège social en soit. La plus grosse acquisition à cette date étant Crystal Decisions, dont le centre de développement, aujourd'hui LE centre de développement, est au Canada, à Vancouver.
Pour ce qui est du futur centre de développement en Inde, reste à savoir s'il s'agira de R et D réellement. Quand un représentant de la boite parle de "R et D" il parle en fait du groupe produit. Or, les équipes de maintenance sont dans le groupe produit.
Le plus génant, s'il fallait qu'il y ait de nouveaux centres, est qu'il faudrait sans doute à certains faire un très grand écart pour travailler dans des équipes dépendantes les unes des autres. Lorsque vous imaginez sans difficulté je suppose la douleur pour produire une intégration entre la ligne de produit de Crystal Decisions et celle historique de Business Objects, où les dépendances ont nécessité de travailler sur les fuseaux horaires GMT-8 et GMT+1 respectivement, on doit tourner à 15 heures par jour là. Je vous laisse imaginer l'effet d'ajouter des dépendances avec l'Inde (Bangalore) qui doit être en GMT+6 si je ne m'abuse. Là, vous gagnez effectivement le gros lot!