J'expliquais il y a peu que l'expression intelligence artificielle ne voulait rien dire et que par conséquent ceux qui l'utilisaient s'en servaient soit parce qu'ils ont quelque chose à nous vendre, soit qu'ils veulent se servir de cet écran de fumée pour avancer sur d'autres choses.
On le savait, mais la certitude vient du fait que les propos ont été tenus par l'intéressé lui-même, qui pense surement que des français n'iront pas lire une interview de lui dans une revue high-tech californienne à propos de l'intelligence artificielle.
Pourtant, Emmanuel Macron, puisque c'est très clairement de lui qu'il s'agit n'y va pas par quatre chemins, pour expliquer ce qu'il entend faire. Voyez plutôt :
extrait : "On Thursday, Emmanuel Macron, the president of France, gave a speech laying out a new national strategy for artificial intelligence in his country. The French government will spend €1.5 billion ($1.85 billion) over five years to support research in the field, encourage startups, and collect data that can be used, and shared, by engineers. The goal is to start catching up to the US and China and to make sure the smartest minds in AI—hello Yann LeCun—choose Paris over Palo Alto."
Jusque là on se dit vive la France !
Mais c'est sans anticiper ce qui va sortir. Question du journaliste :
extrait : "What was the example of how AI works that struck you the most and that made you think, ‘Ok, this is going to be really, really important’?"
Et la réponse :
extrait : "Probably in healthcare—where you have this personalized and preventive medicine and treatment. (...) AI will raise a lot of issues in ethics, in politics, it will question our democracy and our collective preferences. For instance, if you take healthcare: you can totally transform medical care making it much more predictive and personalized if you get access to a lot of data. We will open our data in France. I made this decision and announced it this afternoon. But the day you start dealing with privacy issues, the day you open this data and unveil personal information, you open a Pandora’s Box, with potential use cases that will not be increasing the common good and improving the way to treat you. "
J'ai mis la phrase en gras. Les médias français ont-ils parlé de cette annonce? Et de ses conséquences? La réponse est non. Emmanuel Macron vient juste d'annoncer qu'il va mettre à disposition du privé les données de santé. Quel mal y a -t-il à ça? Imaginez ces données dans les mains des assureurs par exemple : un assureur refusera de prendre en charge quelqu'un en fonction de ce contiennent les données. Nous ne sommes plus dans la santé comme service public, mais comme marché, comme centre de profit, en particulier profit pour les privés qui s'implanteront et exerceront sur les domaines profitables, et dettes pour les hopitaux qui devront s'occuper de ce qui coûte cher et n'est pas rentable. Autrement dit, la création d'une dette publique par la volonté politique libérale.
A ceux qui se posent la question de quoi Macron est-il le nom, cette décision y répond parfaitement. On a là la continuité du travail méthodique de destruction, de libéralisation du service public. Une continuité avec l'oeuvre de Sarkozy et de Hollande.