Il y a quelque chose de très drôle dans cette histoire d'agent artificiel nommé Tay introduit par Microsoft sur twitter, puis retiré 24 heures plus tard car il apprenait soi-disant mal et se mettait à tenir des propos racistes.
Propos racistes parmi lesquels il semble qu'au moins un fasse l'objet de ce qui relève du blasphème, pourtant nous sommes dans des pays laïques, et dans un pays laïque on peut blasphémer autant que l'on veut. Déjà pour cette raison à elle seule, cette histoire pue.
Mais il y a pire, c'est que le défaut que l'on reproche à cet agent artificiel n'est pas du tout celui qu'il a, et qui n'est pas un défaut en soi. Il s'agit donc, de la part de ces gens de Microsoft qui se font passer pour des gens qui ont une morale supérieure, d'inventer une histoire complètement fausse, une histoire pour les enfants comme nos médias savent tant en faire de nos jours.
Pourquoi? parce que cet agent artificiel aurait soi-disant mal appris certaines choses, ce qui l'aurait conduit à tenir ensuite des propos racistes. Mais en réalité ce n'est pas ça du tout. Cet agent artificiel, qui fonctionne à travers twitter, donc à base de texte et de conversations tenues avec d'autres utilisateurs de twitter, a une fonction de répétition. On peut lui demander de répéter une phrase. Cette phrase qu'on demande de répéter peut être heureuse ou malheureuse, peu importe, le principe est simple. Ce qui est choquant c'est que certains ont jugé que cet agent artificiel tenait des propos racistes alors que ce sont eux qui ont décontextualisé les messages de l'agent artificiel à qui un autre internaute demandait de répéter un propos raciste.
Ce travail de décontextualisation est un travail de militant politique comme celui de nos médias dans lequel la direction d'un média demande à des gens peu payés de prendre des extraits d'un discours tenu par un individu car ceci est légal sur le plan juridique. Mais on ométant toujours de comprendre que cette histoire d'extrait peut, lorsqu'elle est en main d'un militant politique, permettre d'extraire des propos qui disent le contraire. Ce qui est bien pire, puisque le journaliste est censé dire les faits, non les inventer, et encore moins leur faire dire l'inverse. Pourtant, cette décontextualisation est à l'oeuvre 24 heures sur 24 7 jours sur 7 dans les médias de la planète, et personne ne semble s'en plaindre.
En fait si, on s'en plaint. Il suffit pour cela que cette décontextualisation fasse dire des choses incompatible avec l'idéologie dominante.
Bref, pour faire simple, on voit là une émanation supplémentaire de la domination des médias sur les individus, une guerre qui ne dit pas son nom. Celle là est menée notamment sur internet, qui manifestement a des vertus pour ces gens là.